On dit quoi?
Cette compagnie de téléphonie mobile ne s’est pas trompée en choisissant pour slogan publicitaire “on dit quoi Abidjan?”. C’est sans aucun doute l’expression de la prise de contact en Côte d’Ivoire. Dans cette société avide de nouvelles et marquée par le désoeuvrement et la rapidité de circulation des rumeurs, quand vous vous approchez d’un groupe d’amis ou de connaissances, la formule consacrée, c’est « on dit quoi ? ». Le plus probable, c’est qu’on vous réponde « on dit rien » mais le contact est établi. On peut lancer la conversation. C’est un peu l’équivalent du « ¿qué hay ? » andalou, du « what’s up ? » américain ou du « sak pasé ? » haïtien. Si vous demandez à quelqu’un comment ça va, il vous répond « ça va un peu ». Je ne saurai pas vous dire si c’est du à la crise mais le fait est que l’on ne va jamais très bien en Côte d’Ivoire. Une autre caractéristique du français ivoirien c’est que l’on vous souhaite la bonne arrivée au lieu de vous souhaiter la bienvenue. Les restaurants bars bon marché où l’on peut manger en plein air sont des maquis et portent les noms les plus divers et les plus invraisemblables : Le Point Final, Soweto, Notre Dame, La Persévérance etc. J’en passe et des meilleurs. Dans les maquis, on peut manger du poulet braisé qui n’est rien d’autre que du poulet grillé. En français ivoirien, on utilise aussi fréquemment l’article « la » mais après le substantif. La structure rappelle le créole haïtien. Ca donne quelque chose comme « ah ce maquis la ! ». Peut être à cause de la crise, les Ivoiriens parlent pudiquement de tracasseries routières, une expression qui décrit les extorsions dont ils sont les victimes sur les barrages routiers rebelles et gouvernementaux. Quand vous vous adressez à un jeune dans la rue dont vous ne connaissez pas le nom, vous pouvez l’appeler « chef ! ». Les Blancs sont les toubabs. Faire les papiers de blancs, c’est obtenir son extrait de naissance. Les « gens qui font papiers » sont les magistrats. Le travail, c’est le service. Au lieu de dire ça prend deux heures pour aller de Man à Daloa, on vous dira « c’est deux heures de temps ». Quelque chose d’endommagé est gâté en Cote d’Ivoire. Voila pour un premier inventaire des spécificités du français ivoirien. N’adoptez pas ces expressions car vous risquerez de détraquer votre français selon une de mes collègues !
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