Côte d´Ivoire, six mois après

La Côte d´Ivoire vient de fêter le premier anniversaire de l´Accord Politique de Ouagadougou ; séminaire à la primature, émissions spéciales, les succès et atermoiements de l´APO ont été passés en revue. Plus modestement, je fête mes premiers six mois en Côte d´Ivoire. C´est l´heure des premiers bilans, des premières évaluations. Une première constatation : mon regard a changé. J´ai la sensation d´avoir passé le cap de l´étrangeté, même si avec la Côte d´Ivoire, copier coller oblige, l´étrangeté n´est jamais totale. Et le « familier » intrigue parfois plus que l´insolite. Mélange d´étrange et de familier depuis le premier jour. Abidjan me parait maintenant franchement familière, je me débrouille plutôt bien pour aller de la Zone 4 à Sebroko, le Plateau, Cocody, Deux Plateaux et l´autoroute direction Yamoussoukro. Pour le reste, c´est encore assez approximatif. Mais j´ai intériorisé le paysage urbain abidjanais, avec son lot de vendeurs ambulants, la tête chargée de fruits tropicaux, de maquis aux marmites fumantes et de centres commerciaux affichant les enseignes occidentales les plus connues. Je jette un regard apaisé sur la ville, même si Man continue de m´apparaitre assez chaotique parfois, un désordre qui défie toute logique urbaine à certaines heures de la journée, particulièrement avant la pluie. Gbagbo, Ouattara, Bédié et d´autres personnages plus locaux font partie de mes conversations quotidiennes. Mon premier geste du matin consiste à syntoniser ONUCI FM ou Man FM. J´ai pris la mesure du Franc CFA, je crois savoir quand le café coûte trop cher. Les barrages, c´est presque normal, un petit signe de la main et hop on passe. Le « Ça va aller, on est ensemble » me fait toujours sourire mais fait aussi partie de mon vocabulaire. Bref, la Côte d´Ivoire est entrée dans ma vie, pour y rester. Une certaine familiarité s´est installée, avec la sensation que tout reste à apprendre, qu´ici débute une série de leçons ouest-africaines.