Allô Président!
Il y a des présidents qui peinent à gouverner avec une majorité absolue et dont le pouvoir vacille deux ans après leur élection ; d’autres, victorieux d’ « élections calamiteuses », sont toujours là, plus de deux ans après l’expiration de leur mandat constitutionnel. Parmis ces derniers, on trouve Laurent Gbagbo. Celui ci, six ans après la tentative de coup d'Etat qui a divisé le pays en deux, est toujours président de la République de Côte d’Ivoire, avec certes un premier ministre issu des rangs de la rébellion, un gouvernement de réconciliation nationale et la moitié nord du pays sous le contrôle des Forces Nouvelles. Mais celui que l’on surnomme le boulanger, parce qu’il roulerait ses adversaires dans la farine, en a vu d’autres. En huit ans de présidence, il a résisté à une rébellion armée, arrivée jusqu’à Abidjan, plusieurs médiations internationales, la présence d’armées étrangères sur le territoire ivoirien et l’hostilité de l’ex-puissance coloniale. La longévité de Gbagbo, historien de formation et grand adversaire politique d’Houphouët, résiderait-elle dans le contexte ou dans son habileté politique et celle de son entourage ? J’ai eu un début de réponse jeudi soir en regardant la RTI. Je suis tombée sur le programme spécial : Laurent Gbagbo et son gouvernement face aux représentant des syndicats de consommateurs et de commerçants. En début de semaine, des manifestants ont protesté contre la hausse des prix des produits de première nécessité à Abidjan et le gouvernement a du prendre des mesures d’urgence. A priori rien de bien réjouissant ou divertissant dans un tel programme. Hé bien, détrompez vous. Laurent Gbagbo, dans le meilleur style Hugo Chávez, est un animateur hors pair et je n’ai plus zappé jusqu'à la fin de la retransmission. C’est un Laurent Gbagbo très jovial qui nous a expliqué le pourquoi de la vie chère, les mécanismes de l’inflation internationale et la baisse des stocks de riz en Asie. Il en a profité pour glisser quelques boutades : son gouvernement a beaucoup de défauts mais n’est pas responsable de la hausse du coût de la vie, s’il n’était pas président, il serait lui-même dans la rue, il a enfin encouragé ses concitoyens à cultiver du riz... Bref, les représentants des syndicats sont repartis contents et les ministres doivent maintenant se mettre au boulot. A quand un Allô Président sur les bords de la lagune Ebrié, pour nous expliquer la politique ivoirienne, africaine et mondiale ?!
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