Saturday, May 17, 2008

Le développement

Le développement en Côte d’Ivoire, c’est un peu l’Arlésienne. On en parle, on en parle mais on ne le voit jamais. Tout le monde fait du développement : les préfets, les présidents de Conseils Généraux, les ministres, les ONGs, les organismes internationaux, les agences de coopération... Les hommes politiques attendent avec impatience la fin de la guerre pour, enfin, se consacrer pleinement au développement. En effet, la guerre ferait perdre du temps à la Côte d’Ivoire par rapport à tous ces pays lancés dans « la course effrénée au développement ». Les Ivoiriens vénèrent le développement comme un fétiche. C’est le maître mot, il est sur toutes les lèvres, il va résoudre tous les problèmes, il met tout le monde d’accord. La diagnostic n’est pas très clair mais le remède on ne peut plus évident : il faut faire du développement. Comme certains font du tourisme, des affaires ou du commerce, d’autres font du développement. On est tenté de demander : du développement de quoi? Vous développez quoi au juste? Souvent le développement s’apparente au développement des infrastructures. Faire une route, réhabiliter une école, reprofiler une piste, c’est faire du développement. Souvent aussi, le développement c’est développer les capacités. On organise des séminaires par ci, des ateliers par là. Pourquoi on ne se retrouverait pas tous à Grand Bassam pour discuter d’éducation, de sécurité alimentaire ou de citoyenneté? A défaut d’agir sur le cours des choses, on en parle et ça doit faire du bien. C’était déjà pas simple de détecter le développement avant de poser les pieds en Côte d’Ivoire. C’est maintenant encore plus compliqué. Mais espérons que cela invite à une saine réflexion sur le développement et les limites rencontrées par le langage technocrate pour décrire la diversité des réalités humaines.

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