Sans papiers
Nous avons appris à associer l’expression “sans papiers” aux immigrés vivant en Europe sans posséder la documentation requise, permis de travail, titre de séjour, visa en règle. En Côte d’Ivoire, il existe aussi des sans papiers qui peut être ne voyageront jamais hors des limites de leur commune, sous préfecture ou région. Ils seraient de 300 000 à 3 000 000 selon les estimations de divers politiciens. Ils ne disposent pas de carte d’identité ni d’extrait de naissance. L’évaluation du nombre des sans papiers est au coeur de la crise ivoirienne. Pour certains politiciens, leur nombre serait faible parce que le registre d’état civil a relativement bien fonctionné en Côte d’Ivoire depuis la colonie et les “parents ont des papiers”.
D’autres estiment que leur nombre est élevé parce que les conditions d’accès au registre d’état civil ne sont pas bonnes et la déclaration à l’état civil n’est pas ancrée dans les mentalités ivoiriennes. A ce sujet, lisez ce que dit le romancier ivoirien Ahmadou Kourouma, pour décrire le destin d'une jeune fille née à la campagne : “…elle ne connaissait pas sa date de naissance, elle ne connaissait pas non plus le jour de sa naissance dans la semaine. Cela n’avait pas d’importance et n’intéressait personne de connaître sa date et son jour de naissance vu que nous sommes tous nés un jour ou un autre et dans un lieu ou un autre et que nous allons tous mourir un jour ou un autre et dans un lieu ou un autre pour être enfoui sous le même sable, rejoindre les aïeux et connaître le même jugement suprême d’Allah.” (extrait de Allah n'est pas obligé).
L’Etat ivoirien se soucie de ces sans papiers de temps à autre en organisant avec plus ou moins de succès (voyez la queue sur la photo ci dessus) des audiences foraines. Cette opération consiste à envoyer des magistrats dans les villages les plus reculés pour octroyer des jugements supplétifs qui serviront d’extrait de naissance et permettront de solliciter les documents requis pour voyager et se soumettre aux tracasseries routières, s’inscrire à l’école et entrer en sixième, s’enrôler sur les listes électorales et voter. Exister juridiquement et permettre à ses enfants d'exister comme cette dame qui vient d'obtenir son jugement.
L’Etat ivoirien se soucie de ces sans papiers de temps à autre en organisant avec plus ou moins de succès (voyez la queue sur la photo ci dessus) des audiences foraines. Cette opération consiste à envoyer des magistrats dans les villages les plus reculés pour octroyer des jugements supplétifs qui serviront d’extrait de naissance et permettront de solliciter les documents requis pour voyager et se soumettre aux tracasseries routières, s’inscrire à l’école et entrer en sixième, s’enrôler sur les listes électorales et voter. Exister juridiquement et permettre à ses enfants d'exister comme cette dame qui vient d'obtenir son jugement.