Thursday, January 22, 2009

EPP Keitenably

A force de voir des EPP sur la liste des Lieux de Vote, devenus pour les besoins de l’identification des centres de collecte, on en oublierait presque que les EPP – Ecole Primaire Publique - sont avant tout des établissements scolaires où des enfants étudient. Pas seulement des endroits où l’on vote tous les 5/10 ans (en Côte d’Ivoire, la fréquence des élections n’est pas établie avec certitude). Les enfants se chargent de vous le rappeler quand vous débarquez pendant les heures de classe (à la recherche des équipes d'identification). En général, ils vous souhaitent une bruyante bienvenue et deviennent très turbulents. Le directeur ou l’instituteur a ensuite du boulot pour rétablir le calme. Une visite, c’est la fête ! Je vais donner dans le cliché mais, évidemment, la joie de vivre de ces enfants contraste avec le dénuement des écoles, les fameux EPP surtout dans la zone rurale du nord du pays. EPP Keitenably est une école du département de Kouibly à environ une cinquantaine de kilomètres à l'est de Man. Un EPP comme beaucoup d'autres. Il n’y a souvent plus de bancs, de tables, de chaises, utilisés comme bois de chauffe pendant la crise. Les enfants n’ont pas grand-chose pour étudier, de vieilles ardoises, un tableau, quelques bâtons de craies. La fillette de la photo a transformé un sac de riz américain en cartable, comme plusieurs de ses camarades d’ailleurs. La situation des enseignants n’est pas très reluisante. Beaucoup sont des enseignants bénévoles qui ont assuré la permanence du système éducatif quand les enseignants titulaires ont fui le nord du pays. Peu sont des fonctionnaires qui ont retrouvé leur poste après la signature de l’accord de Ouagadougou et le redéploiement (partiel) de l’administration. Tous travaillent dans des conditions extrêmement précaires avec des classes surchargées et aucun matériel pédagogique. Mais les EPP continuent d'accueillir les enfants.

Monday, January 19, 2009

C'est beaucoup peu!

Je vous avais déjà parlé de l’utilisation assez spéciale du « peu » en Côte d’Ivoire. On ne dit pas « ça va » mais « ça va un peu ». Interrogé sur le pourquoi du « ça va un peu », un chauffeur de taxi m’a avancé une explication assez convaincante : « nous, les Africains, ça ne va jamais très fort ». L’utilisation du « beaucoup » est assez bizarre aussi. En général, « beaucoup » est utilisé à la place du « très ». On vous dira « il est beaucoup méchant ». D’une manière générale, les adverbes de quantité sont utilisés bizarrement en Côte d’Ivoire. Pour que vous achetiez chez eux, les vendeurs vous diront : « C’est plus moins cher » ! Parfois on peut avoir « beaucoup » et « peu » dans une même phrase ; ça donne un résultat assez surprenant. Exemple : le « c’est beaucoup peu » que m’a sorti un des gardiens qui travaillent chez moi. On discutait du nombre de centres de collecte pour l’identification des populations et nous étions d’accord pour dire qu’il n’y en avait pas assez à Man. Je disais « c’est vraiment pas assez » et il a renchéri « c’est beaucoup peu » ! Utilisation conjuguée du « peu » et du « beaucoup » suffisamment novatrice pour lui consacrer un post !

Sunday, January 11, 2009

L’harmattan est de retour!



Si l’harmattan est de retour, c’est que nous sommes en toute fin ou tout début d’année. Souvenez vous, l’harmattan c’est ce vent qui vient du Sahara et balaie l’Afrique de l’Ouest en saison sèche. Je l’avais découvert l’année dernière en janvier, je n’étais pas bien sûre de le retrouver cette année, non pas à cause du changement climatique qui aurait fait disparaître l’harmattan mais plutôt à cause d’un changement de mon lieu de résidence. Mais je suis toujours en Côte d’Ivoire et je me surprends régulièrement à évoquer expériences et souvenirs ivoiriens. Déjà plus d’un an d’intenses découvertes ouest-africaines. L’harmattan est l’une de ces découvertes et j’étais plutôt contente de le retrouver. Il est revenu en force début décembre. Nuits fraîches, poussière, paysages brumeux, l’harmattan est fidèle à lui-même. Au début, mon système respiratoire en a pris un coup et je suis arrivée dans un sale état à Abidjan vers la mi-décembre pour prendre mon avion. La dizaine de jours passés en France pour Noël m’a permis de me refaire une santé. Bonnes bouffes, balade à la neige, compagnie agréable, un peu de surconsommation à l’occidental et le tour était joué. Une période de fin d’année somme toute banale, sauf pour une partie de la famille récemment installée à Lus La Crois Haute et Dixie, le chiot, lui aussi nouvel arrivé!