Tuesday, February 08, 2011

How are you, muzungu?


Le muzungu en Ouganda, c’est un blanc, le toubab d’Afrique de l’Ouest. C’est un mot Swahili utilisé dans toute l’Afrique de l’Est. J’ai choisi d’intituler ainsi ce post parce que c’est une des premières phrases que j’entends en commençant ma journée: hello, muzungu, how are you muzungu? Ce sont les enfants qui m’adressent ainsi la parole, en général, sur le chemin de l’école. Quand je leur retourne la question, ils répondent avec leur anglais le plus poli : I am fine. Et, timides, ils poursuivent leur chemin en éclatant de rire. Les muzungu (pluriel en Swahili pas encore maitrisé, désolée) sont nombreux à Kabalé, dans le sud ouest de l’Ouganda puisque la région compte deux parcs nationaux où vivent les gorilles des montagnes. Le mot montagnes n’est pas usurpé ici puisque nous sommes à presque 2000 mètres d’altitude en ville et quelques sommets, dont celui de la photo le Muhabura, culminent à 4000 mètres, avec tous les effets qui y sont associés. Pour plus de clarté, rien de tel qu’un exemple ou pour être plus précis une comparaison. Quand vous débarquez à Kabalé après avoir passé 6 semaines à Korhogo, c’est un peu comme si vous passiez de Buenos Aires à El Alto, vous trouvez les gens un peu réservés, introvertis, « éteints ». A Korhogo, je n’avais pas le temps de descendre de la voiture que j’avais déjà engagé une conversation avec 5 personnes ; toute la ville nous saluait : les réparateurs de mobylettes, le vendeur de cartes téléphoniques, les dames qui préparent les beignets sur la rue principale ou vendent des cacahuètes, Ahmed le petit vendeur d’eau… Le soir, à l’hôtel, j’avais l’impression d’être en famille, on passait en revue l’histoire de la Côte d’Ivoire et les événements de la journée. Les Korhogolais n’ont rien de soft spoken, ce serait plutôt la véhémence qui les caractériserait. Alors, bien sûr, les comparaisons sont odieuses mais impossible de ne pas penser à Korhogo tout le temps et d’avoir beaucoup de nostalgie. Evidemment, la situation actuelle en Côte d’Ivoire n’arrange rien. Le muzungu préférerait être à Korhogo malgré la chaleur étouffante, les moustiques qui vous filent le paludisme et le rythme de travail infernal, plutôt que d’être passée du coq à l’âne, de l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique de l’Est, de la Côte d’Ivoire à l’Ouganda, des Savanes aux Highlands, avec toutes les frustrations et la mauvaise conscience que cela comporte.