Tuesday, May 27, 2008

La guerre en Côte d’Ivoire

La guerre en Côte d’Ivoire. C’est un bout de phrase qui sonne mal. Ces quelques mots ne vont pas bien ensemble. Ca parait plus naturel de parler de la guerre au Liberia ou en Sierra Leone qu’en Côte d’Ivoire, un pays que depuis les cours d’histoire-géographie du lycée l’on vous a habitué à associer à la stabilité, l’hospitalité et une relative prospérité. D’ailleurs, l’expression fait débat. Certains auteurs préfèrent parler de crise, de crise politico-militaire ou de conflit civilo-militaire. On a aussi parlé de petite guerre... Enfin, les expressions sont nombreuses pour éviter de parler de guerre ou pour minimiser la guerre. Sur le terrain, en effet, la situation est ambiguë. Guerre ou crise? Quand la crise devient-elle une guerre? Combien de morts ou de destructions faut-il pour faire une guerre? Le conflit en Côte d’Ivoire est atypique. Un pays ni en paix ni en guerre, voilà peut-être une expression qui décrirait mieux la situation actuelle. Pourtant, pour décrire la période entre la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002 et la signature des Accords de Ouagadougou en mars 2007, je crois que l’on peut effectivement parler de guerre en Côte d’Ivoire. Les conséquences de ce conflit sur les conditions de vie, sur les infrastructures, sur la présence de l’Etat et de l’administration sur plus de la moitié du territoire, sur les mentalités aussi, sont plus profondes que celles d’une simple crise. Même si la guerre a bon dos parfois et si les Ivoiriens ont tendance à idéaliser le passé, les effets de la guerre sont bien là et ils seront difficiles à effacer.

Saturday, May 17, 2008

Le développement

Le développement en Côte d’Ivoire, c’est un peu l’Arlésienne. On en parle, on en parle mais on ne le voit jamais. Tout le monde fait du développement : les préfets, les présidents de Conseils Généraux, les ministres, les ONGs, les organismes internationaux, les agences de coopération... Les hommes politiques attendent avec impatience la fin de la guerre pour, enfin, se consacrer pleinement au développement. En effet, la guerre ferait perdre du temps à la Côte d’Ivoire par rapport à tous ces pays lancés dans « la course effrénée au développement ». Les Ivoiriens vénèrent le développement comme un fétiche. C’est le maître mot, il est sur toutes les lèvres, il va résoudre tous les problèmes, il met tout le monde d’accord. La diagnostic n’est pas très clair mais le remède on ne peut plus évident : il faut faire du développement. Comme certains font du tourisme, des affaires ou du commerce, d’autres font du développement. On est tenté de demander : du développement de quoi? Vous développez quoi au juste? Souvent le développement s’apparente au développement des infrastructures. Faire une route, réhabiliter une école, reprofiler une piste, c’est faire du développement. Souvent aussi, le développement c’est développer les capacités. On organise des séminaires par ci, des ateliers par là. Pourquoi on ne se retrouverait pas tous à Grand Bassam pour discuter d’éducation, de sécurité alimentaire ou de citoyenneté? A défaut d’agir sur le cours des choses, on en parle et ça doit faire du bien. C’était déjà pas simple de détecter le développement avant de poser les pieds en Côte d’Ivoire. C’est maintenant encore plus compliqué. Mais espérons que cela invite à une saine réflexion sur le développement et les limites rencontrées par le langage technocrate pour décrire la diversité des réalités humaines.

Wednesday, May 14, 2008

La vente de poulets

Je ne résiste pas à la tentation de vous montrer le magasin où j’ai acheté un poulet dimanche passé. Un poulet on ne peut plus frais comme vous allez le constater. Un peu fatiguée par la cuisine végétarienne de Kevin et alléchée par la perspective de manger un tchêp sénégalais, j’ai cherché l’emplacement sur le marché où je pouvais acheter un poulet. Je m’attendais à une boucherie rustique, avec mouches voletant partout. Rien de tout cela. On achète le poulet bien vivant après l’avoir soupesé en le tenant par les pattes. Ceux qui craindraient la grippe aviaire, mieux vaut s’abstenir! Le poulet ivoirien est haut sur pattes et plutôt maigrichon. C’est un poulet bicyclette selon la terminologie locale parce qu’il ferait beaucoup d’exercice pendant sa courte vie. Pas beaucoup de chair et beaucoup d’os! On négocie le prix (2500 FCFA le poulet moyen). Il faut ajouter 100 F pour faire zigouiller et plumer le pauvre poulet. Ca prend une quinzaine de minutes et le bourreau revient avec votre poulet plumé, prêt à consommer. Quand vous rentrez à la maison et mettez le poulet dans le réfrigérateur, vous vous apercevez qu’il vous en veut et vous regarde avec des petits yeux méchants. On se sent moins coupable quand on achète le poulet en supermarché...

Saturday, May 10, 2008

Il pleut des mangues

La saison des mangues a commencé, avec celle des pluies. Les manguiers sont chargés, c’est l’abondance, il suffit de faire tomber les mangues avec un bâton puis de les ramasser, parfois elles sont même à portée de mains. On trouve des vendeuses de mangues à tous les coins de rue, sur les bords des routes, sur le marché. C’est le petit boulot de la saison, vendeuse de mangues! Les mangues jonchent la chaussées, comme si effectivement il pleuvait des mangues ! Tout le monde en grignote, entre les repas, comme une petite douceur, ou en guise de repas parce qu’on n’a rien d’autre. Il y en a de toutes sortes, grosses et virant au rouge, petites et oranges, vertes pas encore mûres, fermes et sans fil, filandreuses et juteuses. La saison des mangues arrive avec les premières pluies de fin avril début mai, d’où l’expression centrafricaine « il pleut des mangues », que j’ai trouvée plutôt poétique et particulièrement évocatrice de ce moment de l’année en Afrique de l’Ouest.

La vendeuse de mangues entre Touba et Man