Au dromadaire, à gauche
« Au dromadaire, à gauche », c’est le genre d’indications
routières que vous pouvez recevoir au Tchad. Hier, avec un collègue, nous avons
pris la voiture pour rendre visite à un autre collègue, malade. Koukou est
petite mais je n’en connais pas tous les recoins et j’ai eu besoin d’indications.
Après avoir traversé la grande place, qui sert aussi de terrain de football,
mon collègue a pointé du doigt un dromadaire, tranquillement installé dans un coin,
et a lancé le plus naturellement du monde « au dromadaire, à gauche » !
Son propriétaire l’avait garé là pendant qu’il vaquait à ses occupations. Le
dromadaire attendait sagement, en mâchouillant quelque chose (ces bestioles ont
toujours l’air de mâchouiller quelque chose). Sagement, sagement, pas si sagement que
ça parce que les propriétaires sont souvent obligés de leur attacher les pattes
pour éviter qu’ils ne gambadent trop loin. C’était le cas de notre ami
dromadaire, point de repère dans Koukou. Je dois vous décevoir et avouer que le
dromadaire de la photo n’est pas le dromadaire qui a inspiré ce post. Je n’ai
pas osé sortir mon appareil photo tout en effectuant le virage, je ne voulais
pas risquer d’estropier le pauvre dromadaire. J’aurais pu car il n’a pas
bronché quand la voiture a viré à sa gauche, nous regardant avec curiosité mais
sans animosité, probablement déjà habitué à partager les pistes avec véhicules,
camions, motos, chevaux et autres bétails, surtout en cette période de
transhumance pendant laquelle les dromadaires reviennent du nord du pays, à la
recherche de zones plus humides. Au retour, il nous attendait, « au
dromadaire, à droite » et nous avons retrouvé le chemin de la base sans difficultés.
Le problème de ce genre de points de repère, c’est qu’ils ne sont pas
permanents, on fait comment quand le dromadaire n’est plus là ? Mais vous
verrez qu’au Tchad, beaucoup de choses sont périodiques.