Les trottoirs de Mocoa
Les trottoirs nous
disent-ils quelque chose de leur société? A priori, non. Un trottoir, c’est un
trottoir, me direz-vous. Eh bien, détrompez-vous : les trottoirs parlent!
Ecoutez et voyez plutôt les trottoirs de Mocoa. Vous me direz, mais c’est pas
un trottoir ça, hé bien si, à Mocoa, les trottoirs sont comme ça, défoncés, irréguliers,
plein de marches et jonchés d’obstacles. Ce qui est étonnant, c’est que ça ne m’a
pas frappée au début. C’est en revenant de Tokyo ou les trottoirs sont nickel
avec itinéraires pour personnes malvoyantes que je me suis dit : mais c’est
quoi cette merde? Oui, une vraie merde et c’est un euphémisme. A Mocoa, chacun
fait son trottoir comme une continuation de sa résidence avec les matériaux de
construction en rabe. Ça donne un résultat comme sur les photos. Et je vous
promets que les photos n’ont pas été prises dans un endroit particulier pour
les besoins de la démonstration. C’est la même merde partout, parfois pire, et
je dirai que les photos n’arrivent pas à représenter le bordel incroyable que
sont les trottoirs de Mocoa. Il faut s’y aventurer avec précaution et ne pas flâner
la tête en l’air (on risque aussi de se faire estropier par une moto ou un camion-citerne,
qui abondent dans le coin). Pour les personnes en fauteuil roulant, avec
difficultés motrices ou tout simplement avec poussette, je n’ose pas imaginer
les difficultés du quotidien mais je pense à elles à chaque fois que je me promène
dans Mocoa. Les trottoirs de Mocoa ou le degré zéro de l’espace public et de l’intérêt
général.