Sur demande expresse d’Alex, un post exclusivement en français et avec plein de photos. A quelques jours du départ, un moment attendu depuis mon arrivée, il est temps de consacrer une note à Haïti. Vous l’aviez deviné le titre de ce blog fait référence à Haïti et signifie quelque chose comme « pays de m… ». Je le disais dans un post précèdent, ça n’a pas été toujours facile de vivre et de travailler ici. Je crois que c’est Alejandro qui disait qu’Haïti faisait ressortir le pire de sa personne. J’ai souvent ressenti la même chose. En Haïti je me suis énervée, je me suis engueulé avec des collègues, j’ai crié, j’ai « maltraité » certaines personnes comme jamais auparavant. J’ai perdu patience à maintes reprises, avec le énième agent civique qui venait réclamer son salaire pour le mois de travail qu’il N’avait PAS travaillé comme le faisait remarquer justement Angela, avec la personne qui me répondait « oui » alors qu’elle n’avait pas compris ce que je lui demandais, avec le manager du Centre de vote du Semi Lycée Anacaona du Cap Haïtien qui insistait pour créer un 39ème bureau de vote alors que nous n’avions du matériel que pour 38 bureaux de vote et que toutes les listes officielles indiquaient 38 bureaux... Je m'empresse de préciser que le 39ème bureau de vote a effectivement existé. Combien de personnes m’ont abordé avec la phrase : « Madame Sandra, nous avons un problème" ? J’ai fini par me foutre un peu des problèmes des uns et des autres. Je me suis souvent surprise à affirmer dans une conversation ce que j’attendais de mon interlocuteur dans l’espoir qu’il ou elle acquiesce et passe à l’action. Des vœux pieux, évidemment. En Haïti, j’ai perdu tout sens de relativisme culturel. Est-ce que la faute d’Haïti ou de la perception qu’on a d’Haïti à bord du 4X4 UN toutes vitres fermées? Je pars dans quelques jours et je devrais me sentir légère à l’idée de laisser ce pays derrière moi. J’avais toujours pensé et proclamé haut et fort qu’en embarquant sur le vol Port au Prince / Pointe à Pitre, je laisserai Haïti derrière pour toujours. En vérité, partir est plus difficile que prévu. Les derniers moments à la Résidence Pauline, Cormier Plage, la Kay… Depuis une dizaine de jours, je dis au revoir à tout le monde, Natalia, Baturrico, les collègues du Cap, Felix, M. Colas, Mme Carmèle, M. Manigat … et je reçois des témoignages d’amitié et d’estime qui me touchent. Jusqu’au caissier de la SOGEBANK avec qui je me suis disputée plusieurs fois qui devient sympa et veut parler de politique haïtienne! Les RTOs qui m’offrent des CD de kompa ! L’expression
Haïti Chérie a été omniprésente pendant tout mon séjour, dans les chansons, sur les tap tap, dans la bouche des Haïtiens... Un poème mis en musique qui décrit la nostalgie de ceux qui quittent l’île. J’ai prêté attention au premier couplet en créole; ça dit à peu près ceci : « Haïti Chérie, tu es le plus beau des pays, il fallait te quitter pour connaître des valeurs, il fallait que tu me manques pour j’apprenne à t’apprécier et savoir ce tu représentais pour moi ». C’est un peu ce qu’il m’arrive. C’est sur le départ que j’apprends à apprécier certaines choses, que je réalise que je suis passée à côté d’autres choses, qu’Haïti va me manquer et que j’y reviendrais bien… Sur cette note un peu cucul, je vous laisse jusqu’au prochain post.
A propos, la photo est de Baturrico.